Alex

J’ai toujours été un champion du déni et de l’évitement. Je suis aussi une personne très sensible, mais j’étais pas à l’aise avec cette partie-là de moi…Ça fait que pour mieux fonctionner dans la société, je me gelais émotionnellement pour me couper de mes sensations. Ma situation a commencé à empirer quand mon père est décédé… ça fait maintenant un an, jour pour jour.

J’ai été dans le déni un bon 10 mois pour me rendre compte qu’il n’était plus là. Y’a quelque temps, j’ai pas mal consommé dans une soirée et ça a complètement dérapé. Ça a enlevé le voile du déni dans lequel je vivais et ça m’a littéralement pété dans la face. Je me suis connecté d’un coup à toute la tristesse que je ressentais et à toute la marde que j’avais gardée à l’intérieur de moi pendant des années. C’était tellement intense que j’ai perdu contact avec tout ce qui était rationnel et j’étais juste plus capable de fonctionner. Absolument tout me rendait anxieux. J’ai commencé à faire des crises de panique en continu et à me dissocier. Quand l’anxiété montait à un niveau vraiment élevé, j’avais l’impression de ne pas être toute là et de me sentir complètement déconnecté de moi-même. Les premières fois que j’ai dissocié, j’avais peur de rester coincé là-dedans toute ma vie…j’ai souvent eu l’impression de mourir.

Ce qui m’a le plus aidé dans les derniers mois, c’est surtout l’ouverture et l’acceptation de ma famille et de mes amis. Ça a toujours été difficile pour moi de me connecter à ma vulnérabilité et de la montrer aux autres, mais j’y arrive de plus en plus. Je prends aussi de la médication pour l’anxiété depuis quelques semaines. Avant, j’étais catégorique sur le fait que je toucherais jamais à ça. Je me voyais comme quelqu’un de tellement solide, mais j’ai compris pourquoi les gens en prennent quand j’ai touché le fond. Pour moi, la médication c’est une béquille temporaire qui m’aide à faire diminuer suffisamment l’anxiété pour que je sois capable de travailler sur mes enjeux en thérapie. J’ai espoir pour le futur…tout ce qui m’arrive, je le vois maintenant comme une expérience qui me permet chaque jour de grandir. Ça me prenait ça pour me connecter à mes émotions et évoluer…même si c’était la période la plus douloureuse de toute ma vie.