24.01.2019
Alexanne
Ça fait un peu plus d’un an qu’on a appris que mon père avait le cancer. Je me souviens que c’était la fin du monde pour moi quand je l’ai su. J’étais en boule et je criais. Je m’imaginais pas être capable de passer au travers s’il mourait…cette possibilité-là était insoutenable. Dans le temps des fêtes l’année dernière, il souffrait beaucoup… il avait pu d’énergie et il n’était pu lui-même. C’est là qu’il a décidé d’avoir recours à l’aide médicale à mourir. J’étais contente qu’il fasse quelque chose pour lui…mais ça reste que c’était difficile parce que c’était sa décision de nous quitter. C’était aussi étrange comme sentiment parce qu’il y avait comme une date de péremption qu’on connaissait, mais ça s’est fait tranquillement…et j’avais quand même beaucoup de soutien.
Je me rappelle qu’une de mes bonnes amies a versé des larmes avec moi… ça a été la chose la plus aidante. Elle a juste reconnu que c’était triste et que c’était correct que je pleure... La journée où il est parti, on a fait un gros party pour lui…on avait décoré sa chambre à l’hôpital. On a dansé un slow, c’était magique…mais en même temps, y’avait quelque chose de vraiment difficile là-dedans. Même si des fois je suis plus connectée à la perte, je réalise que mon père est pas complètement parti…quand je retourne chez ma belle-mère, on se fait encore des gros déjeuners comme quand il était là et on se met encore de la musique country. J’ai pas perdu tout ce qui venait avec lui…y’a plein de choses qui continuent à vivre malgré qu’il ne soit pu avec nous.
Cette épreuve-là m’a permis de travailler sur moi-même. Je suis quelqu’un qui adore donner, mais c’est vraiment difficile pour moi d’accepter de me faire aider. Je suis pas en psychologie pour rien (rires). J’ai appris à pas juste répondre «Ça va», mais à être capable de dire : «Aujourd’hui, c’est vraiment difficile». J’essaye d’accepter ma tristesse et de pas la voir comme quelque chose d’horrible. Dans la société, les émotions c’est encore un tabou. Y’a une culture du bonheur qui est très forte…faut être heureux et souriant tout le temps. C’est comme si c’était pas légitime de pleurer, de se mettre en colère ou de se montrer vulnérable…alors que c’est normal et tellement beau.
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