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Témoignages

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04.07.2019

Emma

Emma

J’ai vécu des abus sexuels dans ma jeunesse. À l’université, quand j’ai débuté mes études en psychologie, ces souvenirs que j’avais enfouis ont commencé à remonter à la surface puisqu’on parlait beaucoup de ces sujets dans mes cours. Au début du doctorat, j’ai décidé d’aller en thérapie parce que ça devenait encore plus difficile. Ça a été une démarche très importante pour moi, mais excessivement éprouvante. Au début de ma thérapie, j’ai eu un diagnostic de trouble de la personnalité limite. Ce diagnostic avait beaucoup de sens pour moi et m’a permis de mieux me comprendre. Lorsque j’ai commencé à parler des abus sexuels dans ma thérapie, les aspects plus problématiques de ce trouble prenaient plus de place…c’était très lié. J’ai réalisé que mes relations avaient été conflictuelles durant toute mon adolescence. Je pouvais en un claquement de doigts devenir la personne la plus triste ou la plus fâchée au monde... C’était difficile à gérer pour mes amis, surtout que je pouvais me sentir facilement rejetée.

Maintenant, j’accepte que les autres ne sont pas toujours là quand j’en ai instantanément besoin, mais que ça ne veut pas dire qu’ils ne m’aiment pas. Malgré les aspects plus négatifs associés au diagnostic, la thérapie m’a permis de voir du beau dans tout ça. J’ai tellement d’amour à donner et je suis excessivement loyale. J’ai aussi une énergie incroyable quand je m’engage dans quelque chose qui me tient à cœur. Dans les dernières années, j’ai appris à m’aimer à nouveau. J’ai été amenée à revoir la personne qui m’a abusée et une partie de moi a été libérée. Je sais que ce n’est pas comme ça pour toutes les femmes, mais de lui pardonner m’a beaucoup aidée. C’est comme si toute la tornade intérieure pouvait enfin se calmer.

Ça fait maintenant 4 ans que je vois mon psy chaque semaine pour m’aider à maintenir un équilibre. C’est grâce au travail thérapeutique que j’ai fait et que je continue de faire que j’ai développé une aisance et un désir à aider les personnes qui ont été victimes d’abus et qui ont des problématiques sur le plan de la personnalité. Je pense que d’avoir moi-même été dans la chaise du patient me permet de comprendre à quel point ce n’est pas facile de suivre une psychothérapie. J’ai aussi compris que ce n’est pas parce que j’ai un TPL et que j’ai vécu des abus dans mon enfance que je ne peux pas être psychologue. Maintenant, j’ai trouvé un équilibre dans ma vie. C’est un travail qui n’est jamais terminé et je continue de prendre soin de moi pour mieux aider les autres. Personne n’est à l’abri de la souffrance, même pas les psychologues…

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  • 7.02.2020

    Oh merci infiniment pour ton partage...Je me reconnais à travers ton vécu. J'ai été agressée sexuellement dans l'enfance, problème de consommation, auto-mutilation, psychiatrie et diagnostiqué TPL en mars 2000...j'ai survécu. Beaucoup d'émotions que je ne contrôlait pas, j'ai appris à me connaître avec laide de ma psychologue. Merci d'être là pour aider ceux qui souffrent ...tu m'a fait un cadeau au travers de ton partage 🙏❣