28.02.2019
Florence
Le premier contact que j’ai eu avec la vulnérabilité de ma santé mentale c’était au début de mes 28 ans. J’étais une artiste qui travaillait énormément et qui connaissait beaucoup de succès, mais ça n’allait pas très bien dans ma vie personnelle. J’ai commencé à être très nerveuse et à ressentir un sentiment d’inconfort perpétuel sauf quand j’étais sur scène ou quand j’étais avec ma fille. Je n’avais pas de mots pour décrire ce qui se passait en moi. Je me disais : ‘’De quoi je me plains? J’ai un toit, je mange à tous les jours, j’ai un bon travail.’’ Ma nervosité s’est tranquillement transformée en insomnie…la vraie insomnie. Celle qui entre dans ton cycle d’angoisse et qui te fait encore plus angoisser. J’ai commencé à être de plus en plus fatiguée et à me sentir de moins en moins bien. Je ressentais beaucoup de culpabilité et c’est là que la dépression est entrée au poste. J’étais plus capable de fonctionner... j’arrivais plus à me lever le matin, j’arrivais même plus à me laver. J’ai commencé à avoir des pensées suicidaires importantes...Je disais que c’était mieux pour ma fille si je disparaissais parce que je ne voulais pas qu’elle me voit comme ça…j’avais tellement honte. C’était un cauchemar, je ne pouvais plus vivre dans ma tête. Pendant quelques mois, j’ai fait des allers-retours entre la maison et l’hôpital. Puis, j’ai été hospitalisée pendant trois semaines après avoir fait deux psychoses en voyage. Pendant cette hospitalisation-là, j’ai rencontré une femme qui était dépressive et qui m’a raconté comment elle se sentait. Ça collait tellement avec mon expérience. C’est la première fois que je me suis dit : ‘’Peut-être que c’est vrai que c’est une maladie et que c’est pas moi…’’. Ça a été la première étape vers la guérison. Quelques mois après être sortie de l’hôpital, je suis entrée dans une phase de manie…mais je ne savais pas encore à ce moment-là que c’était de la bipolarité. C’est quand j’ai finalement été référée à un psychiatre – que je vois encore deux fois par mois – que j’ai compris ce qui se passait. On a ajusté ma médication et maintenant ça va beaucoup mieux. Encore aujourd’hui, je dois m’assurer d’avoir une structure de vie, surtout avec le métier que je fais. J’essaye aussi de m’offrir de la compassion tous les jours, ça m’apaise beaucoup dans les moments plus difficiles.
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Médiation guidée
Voici une méditation guidée sur l'auto-compassion (disponible en anglais seulement)
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Quand ma fille de 21 ans a reçu un diagnostique de bipolarité cette année, je me suis souvenu d'un témoignage de Florence quelques années avant. Je suis reconnaissante d'avoir eu la chance d'y être sensibilisée avant la tempête. Merci, merci du fond du coeur. Mélanie
Bravo Mme Florence pour tous vos témoignages publiques. J’ai de l’admiration pour vous et aime votre sincérité qu’on perçoit lors de vos témoignages. Chapeau pour votre générosité pendant la pandémie ! Claude M. infirmier psychiatrique