Marie-Anne

Il y a cinq ans, mon amour de jeunesse s’est enlevé la vie. J’ai été en couple avec lui pendant presque toute mon adolescence. Notre relation était fusionnelle et intense. Lorsque j’avais 19 ans, j’ai finalement décidé de le laisser. Peu de temps après que j’aie mis fin à la relation, il s’est suicidé... Il n’a pas écrit de lettre et il n’a contacté personne… c’était sur un coup de tête. Quand ça s’est passé, je me suis tout de suite mis une grosse carapace. Je ne voulais tellement pas que les autres soient tristes pour moi que je faisais comme si ça ne m’affectait pas. Les gens me disaient qu’ils me trouvaient forte et ça me faisait du bien sur le coup, mais au fond de moi, il n’y avait plus d’étincelles. Je me sentais engourdie…je ne ressentais plus rien, même ce qui était agréable.

On m’a encouragée à aller consulter, mais j’avais l’impression que personne ne pouvait me comprendre. J’ai fait un bon trois ans comme ça, puis j’ai commencé à perdre de la force…c’était rendu trop épuisant de cacher ma douleur et de mettre le masque de la fille qui va bien. J’ai commencé à avoir des douleurs physiques importantes au point où je n’étais même plus capable de bouger. Ça a été un signal d’alarme pour moi et j’ai décidé de prendre ma vie en main. Je suis retournée vivre chez mes parents qui m’ont beaucoup soutenue et j’ai commencé à consulter une psychologue.

Pouvoir raconter mon histoire à quelqu’un d’outillé pour m’écouter et m’accueillir, à qui je n’avais pas peur de faire de la peine, ça a changé ma vie. C’était tellement libérateur…J’y repense et je me dis que si c’était à refaire, je serais allée beaucoup plus tôt. En thérapie, j’ai compris que je me sentais coupable et honteuse parce que je me disais que si j’avais mis fin à la relation avant qu’elle ne se dégrade, ça n’aurait pas fini comme ça.

Maintenant, je sais que c’est loin d’être de ma faute. Ça n’a vraiment pas été facile pour moi de me connecter à ces émotions-là et de faire face à la réalité, mais au final ça fait tellement de bien. Aujourd’hui, je n’ai plus de douleurs physiques et je me sens libérée… J’ai retrouvé mes ailes.