Sylvie

Ma fille était à risque de développer un trouble bipolaire parce qu’elle avait des prédispositions génétiques…combinées avec une consommation d’alcool et de drogues, ça a déclenché la maladie. Pendant son adolescence, Laurence était…quelque chose. J’en ai bavé pendant des années. Y’a pas une journée que l’école m’appelait pas. Elle rentrait chez moi par infraction avec des amis… elle respectait aucune limite et aucune règle. À un moment donné, j’étais tellement à boutte que j’ai appelé la DPJ. Je me suis dit : « Là c’est assez, moi je suis pu capable ». J’ai fait ça pour son bien…c’était une décision réfléchie que j’ai prise avec l’aide de ma thérapeute.

Elle a été dans un foyer d’accueil pendant un an et elle venait chez moi des fois les fins de semaine. Je me rappellerai toujours quand on est allés en Cour pour la placer…elle braillait tellement et elle me suppliait de pas faire ça. Tout le monde pleurait…même le juge et le travailleur social. Ça a été extrêmement difficile, mais il fallait que je prenne soin de moi. Pendant les années qui ont suivi, je me suis beaucoup informée sur la maladie, c’est quelque chose de vraiment important. J’ai aussi beaucoup insisté pour que Laurence ait accès à des services parce que malheureusement, si t’insistes pas, t’as beaucoup moins de chances d’en avoir... Quand Laurence était à l’hôpital, j’ai commencé une série de 12 rencontres à l’AQPAMM et ça a été extraordinaire. Ça m’a appris à être présente pour ma fille sans la prendre en charge…C’est la responsabilité de ma fille de prendre soin d’elle et de sa maladie. Moi, je me vois comme un phare qui peut l’éclairer quand elle en a de besoin…cette image-là me parle beaucoup.

Dans les dernières années, j’ai continué à offrir des ateliers de peinture à ma galerie, ça me faisait penser à autre chose. L’art m’a beaucoup aidée, ça m’a souvent sauvé la vie en fait. Ça m’aide à me déposer et à être dans l’instant présent…Aujourd’hui, Laurence va bien et je suis tellement heureuse de ce qui lui arrive. Depuis qu’elle prend sa médication, elle a arrêté de consommer, elle est retournée aux études et elle s’est responsabilisée. Je la trouve extrêmement résiliente et courageuse…je suis vraiment fière d’elle.