Anna-Maude

On m’a longtemps appelée la ‘’petite Anna’’. J'ai vécu ma puberté difficilement parce que j'avais encore la grandeur d'une enfant. Un membre de ma famille m'a vue en maillot quand j'étais ado et m'a dit que j'avais l'air enceinte, ça m’a vraiment affectée. En me regardant dans le miroir ensuite, je me trouvais grosse. J'ai commencé à compter mes calories et ça a évolué en trouble alimentaire. Il y a eu beaucoup de hauts et de bas et j’ai vécu beaucoup d’anxiété et d’épisodes dépressifs. Mon anorexie est devenue sévère au point où je ne mangeais presque rien alors que je m’entraînais à outrance. J’ai longtemps été dans le déni et je n’acceptais pas l’aide qu’on m’offrait. Avant d’entrer à l’université, j’ai été intégrée au centre de jour du Douglas.

Quelques mois plus tard, on m'a dit que si je ne faisais rien, je risquais de mourir…J’ai eu une rechute plus tard et j’ai réalisé que je ne pourrais pas passer ma vie comme ça. Je me suis remise à manger et j'ai repris du poids. J'ai commencé le cirque aérien, je me suis découvert une passion et il fallait que je mange pour faire ça. Ça me motivait. J'avais enfin réussi à avoir une routine, je faisais une thérapie. Puis, il y a eu la pandémie, et tout a fermé… J’ai rapidement rechuté, mais j’ai eu la chance d’être admise en thérapie à la clinique BACA. Ça m'a vraiment aidée, mais j'ai rechuté en sortant… J'ai eu un diagnostic d'ostéoporose. Je me suis fait dire que j'avais les os de quelqu'un de 85 ans alors que j’en ai 20 et que si je tombais, j'allais me casser quelque chose. Ça a été un wake up call. En ce moment, je suis toujours en traitement et j'ai une chienne d'assistance pour mon anxiété, ça m’aide beaucoup. Je me dis que si un jour, je meurs de mon trouble, elle ne comprendra pas pourquoi je ne reviens pas à la maison et ça me brise le cœur, parce que je l'aime tellement. Je veux manger et avoir l'énergie pour marcher avec elle, pour la voir grandir. C'est une grande motivation. J’ai encore tellement de belles choses à vivre.