22.02.2023
Astrid
J’ai longtemps tenu ma santé mentale pour acquise : j'avais le profil d’une première de classe, je me sentais vive d'esprit, invincible sur ce plan-là. Ma psychose est survenue à l'automne 2020 à la suite d’une accumulation de stress liée à du harcèlement. J’ai commencé à avoir des hallucinations très violentes, mais sans savoir que c'était mon cerveau qui inventait ces images mentales. Je pleurais tout le temps, j'étais terrorisée, mais j'essayais de trouver des explications rationnelles pour me rassurer. Les hallucinations ont ensuite pris la forme de faux souvenirs, très réalistes, et j'y croyais fermement.
Au fil des semaines, ma détresse s’amplifiait et j'avais des idées suicidaires très présentes. Un de mes proches a fini par m'emmener à l'hôpital. Là-bas, j'étais très loin dans la paranoïa et les délires : je pensais avoir tué des gens et qu'on m'avait placée dans cette "prison" pour me torturer. On a dû m'enfermer dans une petite pièce d'isolement pour me calmer et j'ai réellement cru que la mort m'y attendait. J’ai appris plus tard que j'avais fait un épisode psychotique. J’ai décompensé, on m'a donné beaucoup de médicaments pour me soigner et ensuite ça s’est amélioré rapidement : je me suis fait des ami-es et j’ai créé de bons liens avec le personnel soignant. Si demain je fais une rechute, je souhaiterais retourner à Douglas car c'est un lieu sécuritaire dans lequel je me suis sentie réellement soutenue.
Par chance, rapidement à ma sortie, j'ai retrouvé un emploi et j’ai poursuivi mes études. Par contre, je n'avais plus aucune confiance en mon jugement. Avec beaucoup de honte, je repensais à des choses que j'avais dites et faites durant mes délires, et je me demandais comment j'avais pu en arriver là. Encore aujourd'hui, je fais un gros travail pour retrouver mon estime de moi-même et ma valeur. J'ai dû être résiliente, accepter que la chimie de mon cerveau est différente de celle des autres et que la médication est une béquille qui m'aide beaucoup. Bientôt, j’aimerais devenir paire aidante pour aider d'autres personnes à mon tour et les faire sentir moins seules dans ce qu’elles vivent.
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